Prévention des accidents
en plongée
|
SOMMAIRE
0. Introduction
1. Barotraumatismes
1.1. Introduction *
1.2. Barotraumatisme de l’oreille *
1.3. Barotraumatisme des sinus *
1.4. Placage de masque *
1.5. Barotraumatisme dentaire *
1.6. Surpression digestive *
1.7. Surpression pulmonaire *
1.8. Conséquences *
2. Accidents biochimiques
2.1. Introduction *
2.2. Narcose *
2.3. Essoufflement *
2.4. Toxicité de l’oxygène *
2.5. Conséquences *
3. Accidents biophysiques
3.1. Introduction *
3.2. Les accidents de décompression *
3.3. Conséquences *
4. Autres accidents
4.1. La noyade *
4.2. Le froid *
4.3. La syncope anoxique en apnée *
4.4. Les accidents liés au milieu *
5. Conclusion
Introduction
A ce point de votre formation vers le niveau 2, vous avez
déjà abordé deux domaines théoriques dont nous
vous avons dit que leur importance tenait essentiellement à leurs
applications pratiques. Cet exposé en est l’illustration directe.
En effet, si l’on considère les notions de physique
et les différents mécanismes que nous avons pu voir, on se
souvient que compressibilité, toxicité et dissolution des
gaz impliquent des règles de sécurité et de prévention
des accidents.
De même, la description anatomique ou les explications
physiologiques qui vous ont été présentées
vous ont permis de situer plus précisément les contraintes
auxquelles notre corps est soumis par la pratique de la plongée
et les règles qui en découlent.
Vous avez choisi de devenir plongeur autonome. Ces nouvelles
prérogatives signifient que vous serez amenés à gérer
votre propre sécurité, tout comme celle de votre(vos) coéquipier(s).
C’est dans ce cadre que s’inscrit ce chapitre où l’accent est mis
sur les accidents à éviter. Ils sont classés en quatre
catégories :
-
barotraumatismes,
-
biochimiques,
-
biophysiques,
-
autres.
Dans la suite de ce chapitre, on utilise la signalétique
suivante :
â : accident pouvant
survenir à la descente
à : accident
pouvant survenir au cours de la plongée
á : accident pouvant
survenir à la remontée
A : accident pouvant survenir lors d’une plongée
en apnée
S : accident pouvant survenir lors d’une plongée
en scaphandre
1. Barotraumatismes
1.1. Introduction
Lors des deux cours de physique, nous avons mis en évidence
deux premières notions, auxquelles le plongeur est confronté
:
-
une, environnementale, est la pression (P=F/S),
-
l’autre, conséquence de la précédente,
est la compressibilité des gaz (PV=cte).
Nous en avons retenu que des règles de sécurité,
visant à prévenir les barotraumatismes, en découleraient.
Un barotraumatisme (du grec baro : pression
et trauma : dommage) est un dommage corporel dû à une
variation de pression sur un organe (ou de volume gazeux, à l’intérieur
d’un organe ou d’une cavité naturelle) entraînant une déformation
supérieure à la limite élastique de cet organe.
Les parties du corps humain pouvant être l’objet
de ce type d’accident ont été vues dans le cours précédent
lors de l’examen des notions d’anatomie : il s’agit de toutes celles qui
contiennent une cavité ou sont contenues dans une cavité
et peuvent, de ce fait, donner lieu à une variation de volume gazeux
(d’air, en général).
Il est impératif, pour le plongeur, d’y porter
une attention toute particulière, ceci d’autant plus que les variations
de pression peuvent être importantes. De ce fait, une vigilance accrue
est donc de mise dans la zone des 10 mètres.
1.2. Barotraumatisme
de l’oreille
âá A S
Causes
Déformation du tympan, sous l’effet d’un déséquilibre
de pression entre l’oreille externe et l’oreille moyenne, suite à
une variation de la pression absolue.
Mécanisme
La pression exercée sur la face externe du tympan
est la pression absolue. Elle augmente à la descente et fait s’incurver
le tympan vers l’intérieur si la trompe d’Eustache est fermée.
De même, à la remontée, la pression absolue diminuant,
le tympan aura tendance à s’incurver vers l’extérieur (si
la trompe d’Eustache reste fermée).
Signes
-
Douleur (pouvant aller jusqu’à la syncope)
-
Vertiges
-
Bourdonnements
-
Nausées
Conduite à tenir
-
Interrompre immédiatement la progression, et ne surtout
pas forcer.
-
Si les symptômes sont ressentis à la descente,
remonter pour réduire la douleur.
-
Si les symptômes persistent, interrompre la plongée.
-
Si les symptômes sont ressentis à la remontée,
remonter le plus lentement possible, en demandant l’assistance de son coéquipier.
Traitement
A effectuer obligatoirement par un O.R.L.
Prévention
-
Respecter les contre-indications, et notamment le fait de
ne pas plonger si on a une otite ou un rhume (ou si on présente
toute autre affection susceptible d’empêcher la trompe d’Eustache
de s’ouvrir).
-
A la descente, " équilibrer ses oreilles " en utilisant
les manœuvres de Valsalva, de déglutition ou de BTV (béance
tubulaire volontaire).
-
A la remontée, l’équilibre tympanique doit
se faire naturellement. Ne surtout pas pratiquer de manœuvre de Valsalva.
1.3. Barotraumatisme
des sinus
âá A S
Causes
Déformation du sinus, sous l’effet d’un déséquilibre
de pression entre la muqueuse et le cavum, suite à une obstruction
(inflammation, polype).
Mécanisme
L’équilibre des pressions ne pouvant se faire,
le sinus est mis en dépression à la descente ou en surpression
à la remontée.
Signes
-
Douleurs au niveau du front, des maxillaires ou des dents
(pouvant aller jusqu’à la syncope)
-
Hémorragie dans le masque
Conduite à tenir
-
Interrompre immédiatement la progression, et ne surtout
pas forcer.
-
Si les symptômes sont ressentis à la descente,
remonter pour réduire la douleur.
-
Si les symptômes persistent, interrompre la plongée.
-
Si les symptômes sont ressentis à la remontée,
remonter le plus lentement possible, en demandant l’assistance de son coéquipier.
Traitement
-
Antalgique ou anti-inflammatoire (attention aux contre-indications).
-
Consulter un O.R.L.
Prévention
Respecter les contre-indications, et notamment le fait
de ne pas plonger si on a un rhume ou une sinusite.
1.4. Placage de masque
â
A S
Causes
Augmentation de pression absolue sur la vitre
du masque.
Mécanisme
La pression exercée sur la face externe de la
vitre du masque est la pression absolue.
La pression exercée sur la face interne de la
vitre du masque est celle qui s’exerçait en surface (1 bar).
Avec l’augmentation de la profondeur, la pression absolue
augmente, provoquant l’écrasement de la jupe du masque. Celui- ci
se comporte alors comme une ventouse sur la partie du visage qu’il protège.
Signes
-
Sensation d’aspiration du visage
-
Hémorragie dans le masque (yeux, nez, capillaires)
Conduite à tenir
-
Interrompre immédiatement la progression, et ne surtout
pas forcer.
-
Remonter légèrement.
-
Souffler par le nez pour rétablir l’équilibre
de pression.
-
Ne jamais tenter d’arracher le masque.
Traitement
-
O.R.L. (si saignements de nez persistants)
-
Ophtalmologiste (si douleurs ou hémorragies persistantes)
Prévention
Dès l’immersion, et tout au long de la descente,
souffler régulièrement par le nez (aussitôt après
avoir équilibré ses oreilles) pour maintenir la pression
à l’intérieur du masque en équilibre avec la pression
absolue.
1.5. Barotraumatisme
dentaire
âá A S
Causes
Variation de pression à l’intérieur d’une
dent présentant une cavité (carie, obturation désadaptée,
…)
Mécanisme
La pression exercée sur l’extérieur de
la dent est la pression absolue.
A la descente, l’air tente de pénétrer
à l’intérieur de la dent et irrite le nerf dentaire.
A la remontée, l’air contenu dans la dent tend
à se détendre. Il en résulte une douleur et la pression
exercée sur la dent peut en provoquer la fissure ou l’éclatement.
Signes
Douleur (pouvant aller jusqu’à la syncope)
Conduite à tenir
-
Interrompre immédiatement la progression, et ne surtout
pas forcer.
-
Si les symptômes sont ressentis à la descente,
remonter pour réduire la douleur.
-
Si les symptômes persistent, interrompre la plongée.
-
Si les symptômes sont ressentis à la remontée,
remonter le plus lentement possible, en demandant l’assistance de son coéquipier.
Traitement
Consulter un dentiste avant toute nouvelle plongée.
Prévention
-
Hygiène buco-dentaire
-
Visite de contrôle annuelle chez un dentiste
1.6. Surpression digestive
á
S
Causes
Dilatation des gaz de fermentation alimentaire ou de
l’air passé dans les voies digestives.
Mécanisme
Les gaz résultant de la fermentation et/ou de
l’aérophagie se détendent lors de la remontée, s’ils
ne sont pas évacués par les voies naturelles, entraînant
une distension des organes concernés (intestins et estomac)
Signes
-
Ballonnements
-
Eructations
-
Douleurs (pouvant aller jusqu’à la syncope)
Conduite à tenir
-
Eliminer par les voies naturelles
-
Si les symptômes persistent, remonter le plus lentement
possible, en demandant l’assistance de son coéquipier.
Traitement
Si nécessaire, évacuation vers un centre
hospitalier.
Prévention
-
Hygiène alimentaire.
-
Eviter les boissons gazeuses, les aliments provoquant la
fermentation (choux, féculents, …)
-
limiter le pain
-
Entretenir son matériel (détendeur)
-
Maîtriser la respiration sous-marine
1.7. Surpression pulmonaire
á
A* S
Il s’agit de l’accident barotraumatique le plus
grave alors que, paradoxalement, c’est le plus facile à éviter.
1.8. Conséquences
Nous venons de le voir, les barotraumatismes peuvent être
graves (la surpression pulmonaire peut même être mortelle).
Il est donc essentiel de ne jamais en négliger l’importance ni les
conséquences et de toujours se comporter sainement quant à
leur prévention. Le principe physique dont ils découlent
est basique. Leur prévention est généralement simple
puisqu’elle tient principalement au respect :
-
des contre-indications médicales à la plongée,
-
de consignes de sécurité élémentaires.
Cela étant compris, il reste à admettre
de ne pouvoir effectuer une plongée et de différer le plaisir
qu’elle nous aurait procuré. Frustrant ? Peut-être sur le
moment, mais cette attitude est sans aucun doute préférable
à celle qui consisterait à s’exposer à des dommages
potentiellement irréversibles.
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2. Accidents
biochimiques
2.1. Introduction
Dans la suite du cours de physique, nous avions abordé
les questions de toxicité des gaz et conclu que la connaissance
de ces mécanismes nous guideraient vers des règles de prévention
des accidents biochimiques.
On appelle accident biochimique une conséquence
toxique qu’un des gaz respirés par le plongeur peut avoir sur lui.
Nous avons vu précédemment que tous les
gaz deviennent toxiques pour l’Homme à une pression donnée
(différente pour chaque gaz). Pour le plongeur, les principaux gaz
à considérer sont l’azote (N2), le gaz carbonique
ou dioxyde de carbone (CO2) et l’oxygène (O2).
2.2 Narcose âà
S
Le plongeur n’étant pas conscient de son état,
cette situation n’en est que plus dangereuse pour lui.
Causes
Augmentation de la pression partielle d’azote.
Mécanisme
Il est encore mal connu. On a, néanmoins, pu constater
qu’à
partir d’une pression partielle d’azote de 3,2 bars, des symptômes
typiques apparaissent. On suppose qu’ils sont dus à des modifications
chimiques mais ils sont variables selon l’état général
et l’entraînement à la profondeur du plongeur.
Signes
Certains traduisent une incohérence de comportement
:
-
Agressivité
-
Hilarité
-
Indifférence
-
Non réponse aux signes
D’autres sont parfois plus perceptibles par
le plongeur lui-même :
-
Augmentation du dialogue intérieur
-
Engourdissement physique et psychique (diminution des réflexes)
-
Désorientation
-
Troubles de la vision
Conduite à tenir
Assister le plongeur et le faire remonter jusqu’à
ce qu’il retrouve une attitude cohérente (notamment réponse
aux signes).
Traitement
Les effets de la narcose étant réversibles,
il n’y a aucun traitement à prévoir (sauf en cas de sur-accident).
Prévention
-
Descendre et se réadapter progressivement à
la profondeur
-
Se surveiller mutuellement
-
Limiter la profondeur d’immersion en respectant ses prérogatives
-
Connaître ses limites (attention à la fatigue).
Ne pas tenter de les dépasser sans une surveillance accrue.
2.3. Essoufflement
âà
A S
Le froid et la fatigue sont des facteurs aggravants
de l’essoufflement.
Mécanisme
Il faut savoir que le réflexe inspiratoire est
déclenché par le dépassement d’un seuil de la pression
partielle de gaz carbonique. L’essoufflement obéit à un mécanisme
en forme de cercle vicieux s’amorçant à partir d’une pression
partielle de gaz carbonique supérieure à 0,05 bar :
Augmentation de la PpCO2
|
ß
|
CO2 non éliminé
|
â
|
|
á
|
Accélération du rythme ventilatoire
|
à
|
Ventilation superficielle
|
Signes
-
Accélération du rythme ventilatoire et circulatoire
-
Agitation (pouvant aller jusqu’à la panique)
-
Maux de tête
-
Si la pression partielle de gaz carbonique devient supérieure
à 0,07 bar, risque de syncope.
Conduite à tenir
-
Cesser tout effort et demander l’assistance de son coéquipier
-
Remonter pour faire baisser la pression partielle de gaz
carbonique (Ne surtout pas descendre)
-
Insister sur l’expiration pour éliminer l’excès
de gaz carbonique
Traitement
Oxygénothérapie normobare
Prévention
-
Qualité de l’air dans la bouteille
-
Choisir un matériel (tuba, palmes, détendeur)
et un lestage adaptés
-
Se protéger du froid : la combinaison de doit pas
être trop serrée (gène de la circulation sanguine)
ni trop ample (augmentation de la circulation d’eau froide contre la peau)
-
Etre en bonne condition physique
-
Limiter ses efforts (aussi valable avant la plongée)
-
Passer sur réserve dès que nécessaire
2.4. Toxicité
de l’oxygène
âà S
L’oxygène a aussi des effet toxiques sur l’Homme,
mentionnés ici plus à titre de culture générale
car, contrairement aux deux précédents, ils ne concernent
que rarement le plongeur sportif, équipé d’un matériel
classique.
Causes
-
Augmentation de la pression partielle d’oxygène au
delà de 1,6 bar (effet Paul Bert).
-
Exposition à une pression partielle d’oxygène
supérieure à 0,5 bar pendant plus de 2 heures (effet Lorrain-Smith).
Mécanisme
-
PB : Altération des cellules nerveuses
et musculaires
-
LS : Inflammation des poumons
Traitement
Prévention
Elle tient simplement au respect des prérogatives.
-
PB
-
Jamais de paliers à l’oxygène pur en dessous
de 6m.
-
Ne pas descendre en dessous de 70m (!!!) à l’air.
-
LS :
-
Limiter les temps d’inhalation à des pressions partielles
d’oxygène supérieures à 0,5 bar (secourisme)
2.5. Conséquences
Les différents effets toxiques des gaz que nous
venons de passer en revue doivent être connus et le plongeur doit
les garder présents à l’esprit afin d’être capable
de les reconnaître et d’intervenir de façon adéquate,
si besoin est.
Il faut, par exemple, noter que les prérogatives
du niveau 2 pouvant l’amener à plonger (encadré) dans la
zone des 40 mètres, il peut être confronté à
la narcose. De même, il peut être sujet à un essoufflement,
lors d’une plongée où le courant est important.
Tout cela constitue autant de raisons de respecter scrupuleusement
les règles de sécurité
-
fixées par le directeur de plongée (limite
de durée et de profondeur, par exemple),
-
générales (ne jamais plonger seul, surveiller
son coéquipier, …).
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3. Accidents
biophysiques
3.1. Introduction
Le dernier volet du cours de physique traitait de la
dissolution
des gaz. Nous avons mentionné que la dissolution de l’azote
dans notre corps, lors d’une plongée, devait être prise en
compte pour prévenir les accidents biophysiques.
On appelle accident biophysique la conséquence
d’une désaturation non maîtrisée (ou critique) de l’azote
dissous au cours d’une plongée. On parle aussi d’accident de
décompression.
3.2. Les accidents de
décompression
á (ou en surface)
S
Causes
Elimination de l’azote dissous au cours de la plongée
sous forme d’un dégazage anarchique, suite au non respect de la
règle Sc > PpN2 / PABS pour au
moins un des compartiments.
-
Facteurs aggravants
-
Ceux qui augmentent la dissolution :
-
Durée de la plongée
-
Profondeur
-
Froid
-
Efforts
-
Fatigue, essoufflement
-
Plusieurs plongées par jour, plongées yoyo
Figure 2 : Dommages possibles sur un accident de
décompression
Conduite à tenir
-
Allonger le plongeur
-
Prévenir l’état de choc.
-
Oxygénothérapie normobare (inhalation ou insufflation,
selon l’état ventilatoire de l’accidenté).
-
Aspirine (500 mg), sauf contre-indication.
-
Faire boire l’accidenté (s’il peut uriner)
-
Surveiller les plongeurs de la palanquée.
-
Noter les paramètres de la plongée et évacuer
toute
la palanquée vers le centre hyperbare le plus proche.
-
Ne jamais interrompre la procédure d’évacuation,
même si les signes semblent diminuer ou disparaître.
Traitement
-
Recompression thérapeutique et oxygénothérapie
hyperbare en milieu spécialisé.
-
Ne jamais ré-immerger un accidenté.
Prévention
-
Respecter strictement les tables
-
Vitesse de remontée (15 m/mn)
-
Paliers
-
Vitesse de remontée entre paliers (6 m/mn)
-
Aucune extrapolation
-
Conserver la même procédure de décompression
pour 2 plongées successives
-
Respecter les contre-indications (fatigue, etc…)
-
Ne pas faire :
-
D’effort après la plongée
-
De manœuvre de Valsalva à la remontée
-
D’apnée au(x) palier(s)
-
D’apnée après la plongée
3.3. Conséquences
Il faut rester conscient que, même si la procédure
de décompression a été scrupuleusement respectée,
il existe tout de même une possibilité d’accident de décompression.
Elle est infime, certes, mais ne saurait être ignorée du fait
que les tables ont été établies d’après un
modèle statistique. Dans cette optique, il faut garder présente
à l’esprit l’idée qu’un accident de décompression
n’est donc pas forcément la conséquence d’une erreur mais
peut avoir une simple cause physiologique (généralement liée
à plusieurs facteurs convergents).
Tout plongeur de niveau 2 (et au delà) doit donc
être capable de faire face à un accident de décompression.
Il est, en effet, particulièrement important d’en connaître
parfaitement les symptômes afin d’être à même
d’agir ou de donner l’alerte au plus vite pour que le traitement ait les
meilleures chances de succès. Il est, en outre, essentiel de ne
jamais négliger un signe qui peut laisser suspecter un tel accident
et, en cas de doute, de ne pas hésiter à engager une procédure
et de faire évaluer la situation par le corps médical.
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4. Autres
accidents
4.1. La noyade
Causes
La noyade est le passage d’eau dans les poumons, entraînant
un état d’asphyxie aiguë.
Mécanisme
En plongée, la noyade primaire est rare. La noyade
est, en général la conséquence d’une perte de connaissance
sous l’eau.
Signes
Variables selon l’importance de l’inondation alvéolaire,
du simple spasme à l’arrêt cardiaque.
Conduite à tenir
-
Sortir la victime de l’eau
-
Faire un bilan secouriste
-
Désobstruer les voies aériennes (tête
légèrement en contrebas)
-
Prévenir l’état de choc
Traitement
-
Réanimation primaire d’urgence (bouche à bouche,
massage cardiaque), si nécessaire
-
Oxygénothérapie normobare
-
Evacuation sur un centre hospitalier
Prévention
Ne jamais plonger ni pratiquer l’apnée seul
4.2. Le froid
Causes
La conductivité thermique de l’eau est 25 fois
supérieure à celle de l’air, de telle sorte que l’Homme s’y
refroidit beaucoup plus vite que dans l’air à température
ambiante. Les échanges y sont donc plus importants, sollicitant
ainsi davantage les besoins de régulation thermique.
Mécanisme
L’organisme maintient constante la température
centrale du corps à 37°C (cerveau, cavités thoracique
et abdominale), malgré les variations de température du milieu
ambiant.
Gains de chaleur :
-
fournis par le métabolisme de base
Pertes de chaleur :
-
Par conduction : la chaleur du corps est transmise, par contact
direct, à la couche d’eau qui nous entoure à l’intérieur
de la combinaison. Une fois réchauffée, cette eau joue le
rôle d’un isolant thermique.
-
Par convection : c’est le mode de réchauffement de
l’air détendu (donc froid). En effet, l’air provenant de la bouteille
va être réchauffé et humidifié lors de son passage
dans les voies aériennes supérieures avant d’atteindre les
alvéoles pulmonaires.
-
Par évaporation ou sudation : dans l’eau, la sueur
ne s’évapore plus et la sudation existe bien mais reste inefficace
du point de vue de son action rafraîchissante car il n’y a pas évaporation.
-
Par les urines et les matières fécales
-
Dans l’air expiré
Signes
-
Envie d’uriner
-
Vasoconstriction des vaisseaux périphériques
-
Frissons
-
Tremblements
-
Augmentation de la consommation d’air (risque d’essoufflement)
-
Désintéressement et diminution de la sensibilité
-
Irritabilité
-
Au delà de cette première phase, si le plongeur
reste au froid, des signes plus graves, caractéristiques de l’hypothermie
apparaissent. Ils peuvent aller jusqu’à l’arrêt cardio-ventilatoire
ou au coma.
Conduite à tenir
-
Sortir de l’eau, sécher, couvrir et protéger
du froid et de l’humidité
-
Donner une boisson chaude et sucrée, non alcoolisée,
par petite gorgées
-
Ne pas frictionner
Prévention
-
Interrompre la plongée dès que l’un des membres
de la palanquée fait signe " j’ai froid "
-
Utiliser une combinaison ajustée
-
Limiter la durée de l’immersion, en fonction de la
température de l’eau
-
Avoir une alimentation adaptée
-
Etre en bonne forme physique
-
Eviter les dépenses musculaires inconsidérées
4.3. La syncope anoxique
en apnée
Causes
Diminution artificielle de la pression partielle de gaz
carbonique par hyperventilation.
Mécanisme
Le réflexe inspiratoire est déclenché
trop tardivement par rapport aux réserves d’oxygène que le
corps continue à consommer jusqu’à la syncope anoxique (par
manque d’oxygène). Cette syncope peut déboucher sur une noyade.
Signes
Pour l’intéressé :
-
Aucun.
Pour celui qui surveille :
-
Inactivité musculaire,
-
Chute vers le fond.
Conduite à tenir
Remontée immédiate afin que la victime
ait la tête hors de l’eau lors de sa reprise inspiratoire.
Traitement
-
Oxygénothérapie normobare
-
Eventuels traitements associés, selon bilan (celui
de la noyade, par exemple).
Prévention
-
Ne jamais faire d’apnée sans surveillance
-
Ne jamais faire d’apnée statique sans surveillance
accrue (syncope plus difficilement décelable)
-
Respecter la règle du 1/3 temps (temps de repos =
au moins deux fois le temps d’apnée).
4.4. Les accidents
liés au milieu
De nombreux facteurs naturels peuvent présenter
des dangers pour le plongeur. Une bonne connaissance du milieu et une conduite
prudente pendant l’immersion permettent de se préserver de ce type
d’accidents.
En surface
-
Gaz d’échappement du bateau
-
Bateaux et planches à voile (tour d’horizon avant
de faire surface)
-
Eléments naturels : relief côtier, courant,
etc…
-
Eléments météo : froid, soleil, houle,
vagues, vent, etc…
En plongée
-
Conditions naturelles : courant (fond et surface), visibilité,
profondeur, froid, etc…
-
Eléments naturels : rochers, grottes, etc…
-
Eléments artificiels : épaves, filets, lignes,
hélices de bateau, etc…
-
Espèces toxiques (faune et flore)
Prévention
Outre le respect des consignes classiques de sécurité
(rester groupés, se signaler en cas de palier en pleine eau, effectuer
un tour d’horizon, etc…), il convient de remarquer que beaucoup d’accidents
de ce type peuvent être évités si les plongeurs améliorent
leur niveau technique (être capable de bien s’équilibrer,
de s’orienter, etc…) et acceptent de ne pas toucher ce qu’ils ne connaissent
pas. Qui plus est, outre le fait qu’il est bon pour le plongeur (pas de
risques de coupure ni de blessure), ce dernier point évite de perturber
des écosystèmes fragiles.
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5. Conclusion
De prime abord, ce tour d’horizon pourrait sembler inquiétant.
En fait, l’idée est tout autre. Il s’agit plutôt de sensibiliser
le futur plongeur autonome à un certain nombre de situations qui,
une à une, sont toutes parfaitement maîtrisables.
Certains considèrent qu’un accident n’est jamais
qu’un enchaînement d’incidents et/ou de circonstances non maîtrisés.
Il est donc important de connaître et de bien avoir assimilé
les mécanismes et risques en présence, afin d’être
le mieux à même d’éviter une situation dangereuse.
Il faut donc retenir 4 règles de base pour la sécurité
du plongeur :
-
Respect des prérogatives (évite les accidents
liés à la toxicité des gaz),
-
Maîtrise de l’activité physique (limite les
risques d’essoufflement),
-
Respect des tables et des vitesses de remontée
(prévention des accidents de décompression),
-
Ne toucher à rien, sous l’eau (réduit, de fait,
les risques de blessure liées au milieu).
Ce premier pas franchi vers votre autonomie, un prochain
exposé vous expliquera comment utiliser les tables MN90. Même
si l’ordinateur de plongée tend, aujourd’hui à se répandre
chez les plongeurs, elles restent un des éléments essentiels
de la sécurité du plongeur, ne serait-ce que parce que nous
avons vu ici que leur respect est une condition nécessaire à
la prévention de l’accident de décompression. Qui plus est,
qu’elles ne tombent que rarement en panne...
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Dernière mise à jour : 15 aoùt
2000
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